Les carrières
Les principales carrières sont situées sur des collines (Châab) à mi-flanc des vallées des environs de Guellala. Ce sont:
- Châab Jeman, à l'est des Ouled Amor.
- Châab Maresfoudh, à l'est et au nord du pont sur la route de Guellala à Sedwikech.
- Châab (ou Dhahrat) Ben Oumelli, à l'est de l'atelier de Ghoul.
- Châab Ben Mahmoud, à l'est du souk de Guellala.
- Châab Djâdou, nouvelle carrière d'argile réfractaire sans chaux, au nord de la mosquée du Majless.
Chaque châab se divise en plusieurs carrières : maâden, et chaque carrière se subdivise elle-même en vingt-quatrième appelés qirate. Très souvent, même le qirate est la propriété de plusieurs individus.
- A la surface des collines, on aperçoit des trous de forme ovale de 0,70 m de large, environ, sur 1,50 m de long, qui s'enfoncent dans la terre, verticalement ou presque. Ce sont les bouches d'accès aux carrières souterraines (fom el maâden).
- Les ouvriers se glissent par cet orifice. Un tunnel (iri / rougba) lui fait suite : le sol de ce tunnel présente des marches d'escalier à peine ébauchées et descend rapidement. Si l'on examine quelque peu ce boyau si étroit et si mal aménagé, on comprend que les potiers sont avares d'un temps et d'un effort qu'ils réservent à d'autres travaux : pour eux, percer une rougba, c'est du temps et de la peine perdus, puisque la terre que l'on extrait de ce percement n'est d'aucune utilité en poterie.
- L'espacement entre les piliers est égal à peu près à la hauteur de la voûte; le diamètre des piliers varie de 1 m à 1,50 m selon la solidité de la terre et la nature du plafond.
Carrière en pilier |
Carrière en tunnel |
- Arrivé à la couche d'argile, le sol de la galerie devient plan, le plafond plus élevé, les parois plus larges. Cette partie de la carrière s'appelle le hall (tasqift / sgifa). Dans les parois sont creusées des niches (alloune / taga). Dans ces niches sont placés des tessons de poteries garnis d'huile où trempent des bouts de chiffons de coton : ce sont les lampes. Ces emplacements ne sont pas choisis au hasard, mais calculés de telle sorte que, avec une moindre dépense d'huile, les galeries soient éclairées en tous points.
- De l'extrémité de la sgifa partent des galeries, Charaâ, dans toutes les directions. Ces boyaux sont reliés entre eux par des galeries transversales, communiquant entre elles par d'autres boyaux secondaires. Le front de taille est dit Khzana. Au fur et à mesure que cette Khzana pénètre sous terre, elle forme une galerie. Cet enchevêtrement de galeries et de boyaux, véritable labyrinthe, se développe jusqu'au moment où la carrière n'est plus qu'une vaste salle soutenue par de très gros piliers.
- Les potiers partent pour la carrière de très bonne heure : en été vers deux ou trois heures du matin, en hiver vers quatre ou cinq heures. Ils cherchent par là à éviter la fatigue oculaire et l'éblouissement lors de la remontée des charges à la sortie de la carrière.
- Lorsque les potiers, pressés par le travail, sont obligés de travailler le jour, celui qui remonte la terre use d'un moyen très simple pour éviter cet éblouissement. A la remontée au jour il ferme un œil et ne le rouvre qu'en descendant. On dit alors qu'il "descend borgne", car il ne voit que d'un œil, l'autre étant encore ébloui par la lumière du jour.
- Avant de descendre dans la carrière, les potiers examinent si les brins de laine et les petits papiers qu'ils ont eu soin de laisser dans l'entrée sont bien en place. Si un éboulement s'est produit, la terre en s'écroulant a fait chasser l'air et soufflé tous ces légers débris.
Arrivés dans la sgifa, les potiers retirent leurs vêtements usuels et portent la hezzemiya. Ce pagne est formé d'une sorte de couverture de laine, pliée en deux dans le sens de la longueur, et qui fait exactement, autour du corps de l'ouvrier un tour et quart ; il mesure 1,40 m à 1,50 m de large. Ces pagnes étaient confectionnés autrefois, sur mesure, au village du Tlet, à trois kilomètres au nord du souk de Guellala. Les potiers revêtent également une vieille gadwara, à manches longues, qui descend à mi-cuisses. Ainsi équipés, ils allument les lampes des galeries et, munis de leur outillage, vont vers le front de taille
Mise à jour
16/4/09